Commentaire de Martial Leroux, musicologue :
C’est peu de dire que j’ai aimé, j’ai adoré ce spectacle tissé de poésie, de mystère, de magie, d’onirisme, de suspension et qui, en outre, a le mérite de ne pas nous bercer d’illusions, en sachant nous ramener dans un état de veille interrogative, quasi philosophique, sur le devenir du monde, les rapports étroits entre l’homme et la machine, l’impossibilité pour l’homme d’échapper à son destin, et l’ineffable avenir auquel est confronté l’être humain.
Il y a des moments incroyables à travers ce spectacle, où l’on reste bouche bée et yeux écarquillés devant tant de beauté formelle et d’incroyables exploits (dont ceux de ces adorables petits robots, ce qui en devient presque inquiétant). La musique est souvent écrite en mineur, avec des accords simples, quasi basiques, mais d’un pouvoir envoûtant extrêmement rare. Quelques sonorités nippones, quelques accords augmentés, et une polyphonie qui naît peu à peu à nos oreilles, comme pour mieux nous rappeler l’origine du monde. D’ailleurs, n’y a-t-il pas que la danse pour nous raconter l’histoire de l’humanité ?
Les danseurs se mêlent les uns aux autres, comme par fusion alchimique, mélangeant hommes et femmes avec une habileté déconcertante qui nous fait douter de nos certitudes en ce domaine, et qui, par leur union quasi sacrée, semble vouloir créer une ligue humaine asexuée décidée à lutter contre le fatalisme des temps modernes.
Le début du spectacle, bouleversant d’émotion, est axé sur la dichotomie (puisque tel semble être le parti pris de Blanca Li par rapport à son sujet) : robot/homme, ombre/lumière, noir et blanc/couleurs, réalité/rêve ? Une musique, dans le style de Steve Reich, faite de battements de coeur allant crescendo, nous projette dans la médecine du futur et ses expériences méphistophéliques… Et puis, que dire de ce magnifique duo mimétique entre le petit robot et le danseur ? Etonnant, envoûtant !
Après trois ans de recherche et développement, Blanca Li a créé ROBOT, un spectacle innovant et contemporain, explorant habilement la relation entre humains et machines. Très intelligent et humoristique, ROBOT est un spectacle accessible à tous publics, tout en satisfaisant les exigences le plus pointues des amateurs de danse ou de théâtre contemporain.
En collaboration avec le collectif d’artistes plasticiens et musiciens japonais Maywa Denki et avec l’entreprise française Aldebaran Robotics, cette production multimedia met en scène huit danseurs, un orchestre de dix instruments automatisés jouant leur partition en direct sur scène et sept robots NAO, humanoïdes craquants et émouvants, chacun doté de personnalités multiples.
Le jour, la nuit, dedans, dehors, sur le chemin et dans le ciel, nous vivons avec les machines, notre mémoire devient artificielle, nos traces électroniques, notre identité digitale. Robots, machines, ordinateurs déguisés en téléphone ou en voiture, écrans évidement tactiles que les mains enfantines manipulent sans y penser, distributeurs et bornes automatiques en tous genres, tags RFID, codes barres, flash codes, géolocalisation des objets et des sujets, avatars online… nous interagissons au quotidien avec des dizaines de machines plus ou moins automatiques, plus ou moins électroniques, plus ou moins « pensantes », qui réfléchissent nos goûts et nos actions.
J’ai voulu explorer la relation complexe de l’homme à la machine, tout en poursuivant le ton décalé propre de mes pièces chorégraphiques. Une machine même évoluée peut-elle remplacer le rapport au vivant ? Nos répliques robotiques exprimeront-elles un jour des sentiments, en plus de gérer notre quotidien ? Quelle société cela produira-t-il ? Les robots sont-ils des entités capables d’intégrer le désordre créateur ? Seront-ils un reflet de ce que la société des hommes désire inconsciemment représenter ?
Sur scène, j’ai du relever un défi technologique et créer une partition originale pour l’orchestre des machines de Maywa Denki. La plus grande difficulté, toutefois, a été de travailler pour obtenir des émotions à partir des Robots NAO. C’est leur coté enfantin, fait de fragilité et leur gaucherie, que j’ai utilisé dans leurs rapports avec les danseurs, pour rendre sensibles ces petits robots humanoïdes. Pour la première fois, l’idée que ceux ci puissent devenir des compagnons aimables et attachants, devient évidente pour le grand public.
Blanca Li
ROBOT a été créé en juillet 2013 au Festival Montpellier Danse, puis au Théâtre des Champs-Elysées à Paris en décembre 2013 et a été présenté dans plus d’une centaine de Théâtres à travers le Monde. Il sera joué pour la première fois aux USA à la BAM de New York du 9 au 14 juin 2015. (voir : Robot à NYC)
MAYWA DENKI
Tosa Nobumichi, le président de ce collectif d’artistes et de performers au nom d’industriel (quelque chose comme Meiwa Electronics) se présente toujours sous le même costume : l’uniforme bleu des ouvriers de l’usine paternelle originelle, qui dit à la fois la dépersonnalisation du travail automatisé mais aussi l’hyper-personnalisation de l’artiste contemporain pensé comme un rôle, mis en scène, mis en jeu, remis au centre du monde fou des objets absurdes créés par Maywa Denki. Il dit aussi surtout quelque chose du travail manuel nécessaire à la fabrication de ces automates et objets à l’esthétique rétro-futuriste comme production artistique : un bel objet est un objet bien fait.
Influencé par l’art cinétique et la techno-pop, Maywa Denki crée des prototypes lowtech de résine et d’aluminium, tout et parties d’un monde décalé et plein d’humour, où les rapports entre l’homme et la machine sont naturels.
Les instruments de musique de la série Tsukuba (classés comme leurs inspirateurs traditionnels en guitare, sax, clavier, voie, percussion, etc.) sont ainsi des automates complexes qui jouent réellement de la musique via des systèmes électromécanique agis par des humains. Aucune électronique. La beauté fonctionnelle de la machinerie s’explicite alors lors de performances musicales pensées comme un défi lancé à notre mode contemporain pour qui la musique est devenue une information comme une autre, un flux de données. Les instruments de musique de Maywa Denki, nous ramènent à une musique substantielle et non informationnelle. Contre le flux de bits des écouteurs d’iPod, le beat d’une musique vivante créée sur scène. Contre le son digital produit de manière synthétique ou de sampling d’enregistrement électroniques, le son d’objets matériels. Mais pas n’importe lesquels : des objets «back to-the-future», des automates parfaits dont la forme donne de l’esprit !
ALDEBARAN Robotics
NAO parle, voit, marche, danse, plie les genoux, roules des épaules, se relève quand il tombe, prend avec ses mains, communique avec ses copains, avec les humains, avec le réseau… Développé par ALEDEBARAN Robotics, NAO est le robot humanoïde le plus utilisé dans le monde de la recherche et de l’éducation (informatique, intelligence artificielle, psychologie, etc.), et espère être bientôt mis au service du grand public comme assistant personnel. Il est déjà la compagnon préféré de Blanca ! Haut de 58 cm, NAO a deux bras, deux jambes (9 capteurs tactiles et de 8 capteurs de pression), deux yeux (2 caméras HD ) et une bouche (4 microphones), comme tout le monde ! Il est doué en reconnaissance vocale et visuelle, base de ses capacités de communication qui utilisent l’interface d’un synthétiseur vocal, de lampes LED et de 2 haut-parleurs haute fidélité. Robot ! Autonome, NAO est le compagnon artificiel de demain, qui pourra aider et divertir les humains, en interaction avec les siens ou avec nous. Et surtout, de tous les robots que Blanca a rencontré, c’est celui qui danse le mieux !
Equipe de création
Chorégraphie, direction artistique : Blanca Li
Machines musicales : Maywa Denki, Yoshimoto Creative Agency
Robots NAO : Aldebaran Robotics
Musiques originales : Tao Gutierrez, Maywa Denki et Jean-Pierre Taïeb
Scénographie : Pierre Attrait, assisté de Marion Leduc
Lumière : Jacques Chatelet, assisté de Sylvie Debare
Vidéo : Charles Carcopino, assisté de Simon Frezel et Pierre-Jean Lebassacq
Ingénierie numérique : Thomas Pachoud et Aurélien Conil
Animation robots : Clément Bigot et Valentin Bertrand
Costumes : Maywa Denki et Armando Sanchez
Danseurs : Yacnoy Abreu Alfonso, Rémi Bénard, Iris Florentiny, Yann Hervé, Africa Manso, Margalida Riera Roig, Gaël Rougegrez, Yui Sugano
Deuxième cast : Jonathan Ber
Ont participé à la création : Emilie Camacho, Géraldine Fournier, Aliashka Hilsum, Samir M’Kirech
Assistantes chorégraphiques : Glyslein Lefever, Pascale Peladan et Déborah Torres
Maître de ballet : Antonio Alvarado
Régie générale : Eric Da Graça Neves
Régie Plateau : Enrique Gutierrez
Régie son : Antoine Imbert
Equipe technique en tournée :
Régie générale et régie lumière : Sylvie Debare ou Alain Larue
Régie plateau : Enrique Gutierrez ou Stéphane Loizeau
Régie son : Antoine Imbert ou Philippe Calvet
Régie Robots : Thomas Pachoud ou Martin Rossi assistés de Aurélien Conil
Musiques additionnelles : « Dixit Dominus, HWV 232_ III. Tecum Principium in Die Virtutis Tuae » de GF Haendel – le Concert D’Astrée/Natalie Dessay/Emmanuelle Haim avec l’autorisation gracieuse de EMI Classics.
« Besame mucho » de Consuelo Velasquez, interprété par Blanca Li.
Coproduction :Festival Montpellier danse 2013 – Festival automne en Normandie – Espace Jean Legendre scène nationale de l’Oise en préfiguration – Le Studio Maison des Arts de Créteil -En résidence au Centre des Arts d’Enghien, scène conventionnée pour les écritures numériques
Malles de scène (Nao trunk) : Pinel & Pinel
Remerciements à : Atelier CKR, @robose, Glyslein Lefever, Christelle Dietzi, Agnès Boma, Claudia Gargano, Gwen-Haël Denigot, MLG, Lise Roos-Weil, ainsi qu’à Bruno Meissonnier, Julien Gorrias et Alexandre Mazel chez Aldebaran Robotics
Production : Compagnie Blanca Li
Administration : Etienne Li
Production et communication : Jeanne Gascon production(at)blancali.com
Vente de spectacles / responsable projets : Stéphane Hivert s.hivert(at)blancali.com
Relations Presse : Sébastien d’Assigny sdapresse(at)gmail.com